Tenue Starfall

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Les occasions de se rendre à la Night Court ne manquaient pas, cependant rares étaient celles motivées par autre chose que la politique. Aujourd’hui, sous bien des aspects, faisait exception. Sa femme l’avait convaincue de venir, d’un regard, d’un seul. Starfall était un souvenir heureux qu’ils chérissaient tous les deux. Velaris, lorsque les étoiles ne brillaient pas dans le ciel, la ville la remplaçait sans mal.
Apparaissant avec sa femme au bras dans un crépitement et un nuage de fumée, ils révélèrent leur tenue de soirée respective. La mesure n’existe pas à l’Autumn Court. Qui voulait bouger un pion de son échiquier le jour de Starfall aurait eu tous les Royaumes à dos. Il prit une coupe de champagne sans détourner son regard du ciel et la porta comme l’on aurait revêtu une montre ou autre accessoire – il n’en boirait pas une goutte. Prudence, certes, méfiance à son habitude. La Dame de l’Autumn ne fut pas aussi subtile, de sa main qui laissa échapper la sienne il lui tendit une autre coupe qu’elle mit immédiatement à ses lèvres.

Le calme ne dura pas. Il sentit quelques esprits curieux à peine effleurer la porte de sa psychée. A l’orée de son bouclier mental, les rats rongent et grattent. Il n’a pas la capacité de les en empêcher, il les sent hésitants. Vague réflexe du peuple d’une maudite Cour aux pouvoirs intrusifs qu’est l’Harmonix. Sa femme serra sa main pour attirer son attention sur la musique, il n’y parvint que trop peu. Distrait, il bouillonnait. Personne n’aurait osé pareil affront dans sa Cour. Beron vit Rhysand, étonnamment non-accompagné de ses trois larbins. Il s’éloigna de la foule, sachant sa présence gênante pour plus d’une personne. Ce soir était dédié à sa femme qui, malgré ce que Beron lui avait infligé et son adultère, restait celle à qui il serait lié pour toujours. De force, s’il le fallait. Pourtant lorsqu’il jeta le contenu de sa coupe dans un buisson plutôt que de le donner à sa femme, on ne pouvait nier qu’il tenait à elle. Par survivalisme sans doute. On ne savait que trop bien ce qu’il advenait de ceux qui perdaient leur lien d’accouplement. Il n’aurait jamais pris le risque de donner à sa femme une boisson potentiellement altérée. Appelez-ça de l’amour si ça vous chante.
Ils regardèrent ainsi le ciel et les étoiles filantes. En lui monta une vague apaisée, ou était-ce sa femme qui projetait son propre ressenti, il n’aurait su le dire. Toutefois lorsqu’on est Grand Seigneur d’une Cour rien ne reste tranquille bien longtemps. Aujourd’hui tous les grands sont à Velaris, il était naïf de penser qu’il eut pu avoir une soirée privée.