Elain profitait du soleil qui pointait enfin le bout de son nez, venant réchauffer l’atmosphère après les jours gris, sombre et froid hivernaux. Le printemps s’installait enfin et le week end s’annonçait beau et doux. Un détail peut-être pour beaucoup mais cela mettait la conseillée de la reine de bonne humeur. Elle avait pris son carnet et un crayon de papier, ainsi qu’un verre d’eau pour rester hydrater, elle s’était installée à l’ombre d’un arbre qui fleurissait doucement. Le soleil perçait à travers les branches dénudées venant réchauffer la fée. Elle se laissa d’abord aller à la méditation, fermant les yeux, laissant la lumière réchauffé sa peau. Une légère brise venant faire virevolter les quelques mèches de cheveux rebelles qui s’échappait de son chignon et qui chatouillaient son épiderme.  Elle savait qu’elle pouvait rester des heures ainsi. Loin des tensions de la cour, loin des langues de vipère qui susurraient et répandaient leur venin dans chaque recoin des couloirs du palais royal. Ici dans son havre de paix, elle pouvait baisser sa garde, être elle-même.

Elle se força presque à rouvrir les yeux pour ouvrir son carnet, elle replia ses jambes contre elle et laissa la mine du crayon commencer à glisser sur le papier. Laissant les mots sortir tout seul, sans but, sans raison. Les mots pouvaient parfois se succéder sans avoir réellement de sens particulier. Elle laissait son cœur parlait, son subconscient prendre le dessus. C’était les seules pertes de contrôle auxquelles elle acceptait de se laisser aller sans risque. Sa façon d’extérioriser et de trouver son équilibre dans son avidité du contrôle. Au moins, elle ne risquait pas de griller quelqu’un par mégarde ou de faire sauter les plombs de tout le quartier. C’était son exutoire.

La quiétude de ce moment vu arrêter quand elle sentit une subtile vibration dans la lumière. Le caractère ondulatoire de la lumière la connectait avec Elain et quelque chose l’avait fait vibrer pour une raison inconnue. La fée s’immobilisa laissant ses sens magiques ressentir jusqu’aux moindres petits photons qui l’entouraient. Quelqu’un utilisait la lumière de manière anormal dans un périmètre restreint, qui se réduisait à la maison de la famille Heivoris. Une seule autre fée possédait des capacités similaires aux siennes : sa fille. Elle se leva, trouvant cela étrange. Elle s’engouffra dans la maison, elle croisa sa moitié.
« Cassia est rentrée ?
- Je ne l’ai pas vu. Qu’est-ce qu’il y a ? »

Il ressentait la légère inquiétude d’Elain via leur lien, mais il comprit rapidement. Il la laissa trouver leur fille. Plus elle s’approchait de la chambre de sa benjamine, plus la quadragénaire sentait une altération dans la lumière. Elle toqua légèrement à la porte.
« Cassia ?! »

Elle ouvrit la porte s’en attendre de réponse. Elle ne fut pas trop surprise de ne pas distingué sa fille, ses yeux étaient bernés par l’invisibilité que maîtriser trop bien la petite dernière de la famille. Mais à la maison, il n’y avait aucune raison pour être invisible. La Heivoris activa son pouvoir pour se repérer dans l’espace grâce à l’altération de la lumière que produisait l’enfant sans le vouloir. Elle prit sa fille dans ses bras, sans la voir. Tentant en silence de la faire réapparaître, sans jugement. Reprendre le dessus sur des émotions n’étaient pas évident et jamais Elain ne lui reprocherait cela.