Ton réveil sonne et tu grimaces lourdement. Pourquoi déjà t’a mis une sonnerie un samedi déjà ? Tu réfléchis rapidement. Ce n’est pas parce que tu dois conduire et accompagner Stella a une énième réunion chiante de hauts placés. Tu ne dois pas voir Heava aujourd’hui. Aslan peut-être ? Non. Il te faut quelques secondes pour remettre ton esprit dans le bon sens. Penellaphe ! Merde ! Sautant du lit, en voyant qu’il s’agit là de la troisième sonnerie de ton réveil, tu vas être à la bourre ! Attrapant rapidement tes affaires, tu files prendre une douche pendant que ton café coule dans la cuisine. Cinq minutes top chrono. Et tu ressors, laissant sans nul doute quelques affaires traînées, ce qui agacera sûrement Stella. Mais tu les rangeras plus tard, tu n’as pas le temps ce matin. Allant jusqu’à ta chambre, tu enfiles rapidement un pull noir, et un jogging de la même couleur. C’est plus simple pour camoufler les traces de sang. Quelques armes sur toi, histoire de pouvoir te défendre, sait-on jamais, et tu enfiles ta paire de baskets. Sortant de ta chambre après avoir récupéré tout ce dont tu as besoin, tu vas embrasser la joue de Stella, avant de quitter l’appartement. « Je file, j’vais entraîner la jeunesse. »

Arrivant à Alféa, tu frottes tes mains l’une contre l’autre pour les réchauffer. L’air matinal est un peu frais, mais ça ne lui fera pas de mal de s’entraîner ainsi. Voyant qu’elle n’est pas sur le terrain d’entraînement, tu vérifies l’heure. T’as trois minutes d’avance. Comme quoi, même en te levant en retard, tu es à l’heure. Attrapant ton paquet de clopes, tu en allumes une que tu commences à fumer, tout en observant le bâtiment. Tu repères un coin que t’avais l’habitude de squatter pour fumer tranquille. Avec Bea. Ton cœur se serre au souvenir de la jeune-femme. Qu’est-ce qu’elle te manque ! Fermant les yeux, tâchant de chasser la tristesse qui doit s’y lire, tu souffles lourdement. Ce n’est pas le moment de penser à tout ça. Mais soudain, tu entends des pas. Quelques mètres derrière toi, sur ta droite. En provenance des dortoirs. Alors tu te retournes vivement, ayant reconnus le pas léger de Penellaphe. Et tu lui souris. « T’avais pas réglé ton réveil ou quoi ? » Zéro tact, c’est tout toi. Mais elle peut voir que tes lèvres sont étirées, signe que tu la charries. Terminant ta cigarette, tu enlèves la cendre avant de glisser ton mégot dans tes poches. « Bon Pen’, on se met en route ? » Et sans lui laisser le choix, tu retires ta veste. Hors de question que tu sois gêné dans tes mouvements. Cela a beau être un entraînement, tu ne vas pas faire attention à tes coups. Dans la vie de tous les jours, on ne lui fera pas de cadeaux. Donc c’est hors de question que toi, tu lui en fasses.

Ce matin, chaque parcelle de son corps la fait souffrir. Elle n'avait pas eu si mal depuis ses tous premiers entraînements. Depuis bien longtemps. Mais la nuit qu'elle venait de passer avait été affreuse. Enfin, la pseudo nuit. Elle s'était réveillée à peine deux heures après avoir fermé les yeux. Derrière ses paupières se jouaient encore l'horrible scène du corps agonisant de son frère étendu sur le sol. Ses activités lui avait évité ce genre de cauchemar depuis des mois. Elle ne comprenait pas bien pourquoi tout à coup, ils étaient de retour. Mais entre les images hideuses fixées sur sa rétine, les courbatures et le manque de sommeil, elle n'était vraiment pas d'humeur. Elle aurait bien sautée l'entraînement de bon matin avec Riven, mais elle ne pouvait pas se le permettre et pour bien des raisons.

Alors elle traînait l'lamentablement son corps jusqu'au terrain d'entraînement. Il allait falloir qu'elle se blinde pour ne rien laisser transparaître. Ni ses faiblesses, ni son corps douloureux. Riven n'allait sans doute pas lui faire des cadeaux par son corps lui faisait payer son manque de sommeil. Elle l'entendait déjà dans sa tête : « Ton ennemi ne te fera jamais de cadeau, pourquoi je t'en ferais. Allez, au travail. » Et elle savait qu'il avait raison. Elle n'avait ni le droit, ni l'opportunité de se reposer sur ses laurier. Si elle ne parvenait pas à se battre contre lui, comment le pourrait-elle contre tous les autres. Certes, Riven était l'un des meilleurs - et c'était bien pour cela que c'était avec lui qu'elle avait souhaité s'entraîner - mais actuellement, elle savait que bien qu'elle soit bien placée dans un potentiel classement des spécialistes d'Alféa, elle possédait encore bien des lacunes. Et il fallait qu'elle s'en débarrasse. Impérativement.

Lorsqu'elle arrive, son mentor est déjà sur place, et sa première pique lui fait grincer des dents. Ce petit jeu c'est installé entre eux depuis les premières séances, et aucun de d'eux ne parvient à en démordre. Mais là, elle n'est juste pas d'humeur. « T'as vu ta tête ? On se demande lequel de nous deux s'est réveillé dans l'urgence. » Une réplique digne de leur guéguerre, mais le ton tranchant est bien plus vindicatif qu'à l'habitude. D'un signe de tête, elle acquiesce. Vaut mieux qu'elle n'ouvre plus la bouche tant qu'elle n'aura pas quelque chose d'intelligent à dire. Elle retire la veste don elle s'était couverte pour lutter contre le froid et plaque ses cheveux dans une longue que de cheval. L'air matinal lui mord les joues, mais cette claque glaciale lui permet de se ressaisir un minimum. Vêtue de la tenue d'entraînement des spécialistes, elle s'approche de nouveau de l'homme prête à affronter tous les coups qui lui portera. Elle se met en position, mais n'attaque pas. Bien qu'elle lutte contre ça, elle reste une femme, plus petite, plus chétive. Elle a bien retenu les leçons : ne pas attaquer la première. Elle serait désavantagée et cela mènerait à sa défaite. Elle doit se laisser attaquer, et parer au mieux pour passer sous la garde de son ennemi. Bien qu'elle soit plus grande que la majorité des femmes, elle reste plus petite que beaucoup d'hommes. « Alors Ulstead ? Qu'est-ce que tu attends ? Depuis quand t'as peur que je te botte le cul ? » La provocation, c'est sans doute ce qui l'aidera à faire perdre son sang froid à son adversaire. Il ne restait plus qu'à espérer que ça fonctionne avec lui.

T’as pas de tact. Tu t’en moques qu’elle n’apprécie pas. Jamais tu ne lui as fait de cadeau, et pour cause, vos ennemis n’en feront pas. Alors tu veux qu’elle soit parée à toute éventualité. Si tu le pouvais, tu rentrerais à Alféa en pleine nuit, pour tester ses réflexes alors qu’elle dort. L’idée est vraiment tentante, et tu la gardes de côté. Peut-être qu’avec le statut de Stella, tu pourrais avoir un passe-droit. Enfin c’est une idée et pour l’heure, ce n’est pas ta préoccupation première. Un sourire vient étirer tes lèvres lorsqu’elle réplique. Tu as toujours apprécié ça chez elle. Que même si techniquement tu es son supérieur, elle ne se prive pas pour dire ce qu’elle pense. Et Penellaphe ne prend pas non plus des pincettes, ce qui t’arrange. Tu as horreur des faux-semblants et de tourner autour du pot pour ne rien dire. « J’ai peut-être une sale gueule, mais toi, t’es en retard. » Pour ta part, malgré ton réveil qui n’a pas été au rendez-vous, tu es à l’heure. Même si tu es là seulement depuis quelques minutes. Mais ça, elle n’a pas besoin de le savoir. Et de toute manière, tu n’as pas à te justifier auprès d’elle. Terminant ta cigarette, tu enlèves la cendre avant de mettre le mégot dans tes poches. Tu le jetteras plus tard. Prenant la parole pour lui demander si elle est prête, tu retires en même temps ta veste. L’air froid te saisit immédiatement, mais tu tentes de faire abstraction. Malheureusement, dans votre condition, vous ne pouvez pas vous battre uniquement sous un soleil éclatant. Bien au contraire. Il faut être paré pour faire face à toutes situations. La voyant se mettre en position, tu en fais de même. Tu observes comment elle est placée, ton regard parcourant ses formes. Et tu ne peux t’empêcher de noter que cette tenue la met parfaitement en valeur. Merde ! C’est clairement pas le moment de penser à ça. Tu te reconcentres. Et tu vois qu’elle a pris note de ce que tu lui as appris, puisqu’elle n’attaque pas. « Peur ? Dans tes rêves uniquement. » Et sans attendre, t’arrives vers elle. Et t’utilises un nouveau mouvement. Tu lui fauches les jambes. Mais pour qu’elle ne se fasse pas mal, tu l’attrapes par le bras et tu l’attires à toi, avant d’inverser votre position. C’est ton dos qui claque contre le sol, alors qu’elle tombe sur ton torse. C’est mieux que rien non ? Mais bordel cette proximité …. Tu lui souris, son visage au-dessus du tiens. « Un point pour moi ! » Tu ris doucement, avant de la faire basculer sur le côté. Et tu te relèves avant de lui tendre la main pour l’aider à se redresser. « On s’y remet ? Ou tu comptes faire la sieste encore longtemps allongée au sol ? » T’as un sourire en coin au bord des lèvres. C’est plus fort que toi.