Demi-masque vénitien sur le visage, les cheveux coiffés impeccablement sans le moindre épi, sans ne serait-ce qu’une once de mèches rebelles. L’impression d’avoir le corps saucissonné dans ce costume sur mesure, pour lequel son avis n’a guère été demandé. Question d’habitudes sans doute, il n’a pas cherché à émettre son opinion, de toute manière, il n’aurait pas été pris en compte. Le principal, c’est qu’il puisse bouger dans le tissu, bien qu’il ait l’impression d’étouffer. Ce n’est que pour une soirée, c’est avec cette phrase en boucle dans sa tête qu’il a entamé la soirée. Loin d’avoir été convié pour être un invité de marque, il est là pour animer, apporter le rythme, la douceur de la mélodie soufflée par les cordes de l’instrument en bois, sur lesquelles glissent la baguette. Lui qui a l’habitude d’être dans l’ombre, on ne peut pas dire qu’il se sente réellement à l’aise au milieu de tout ce gratin dauphinois.

Le regard qui glisse sur la foule, reconnaissant quelques visages. Ce sourire joyeux qui habille son visage, cette légère odeur boisée qui émane de son corps à chaque fois qu’il bouge. La mèche de la baguette glisse sur les cordes, pendant que les doigts naviguent sur celles-ci dans une synchronisation parfaite. Masquerade, c’est la mélodie qui s’échappe de l’instrument. Un nom pour le moins révélateur de son avis en ce qui concerne ce genre d’événements, en ce qui concerne la politique et tous ces jeux de la cour. Il n’aime pas ça, et pourtant, il y est mêlé plus qu’il ne le voudrait. C’est qu’il n’existe pas de meilleurs moyens pour apprendre les secrets que de fréquenter le personnel des Cours, de caresser ce jeu d’illusion et de subtilité. Cela pourrait sembler presque ironique venant de sa part, de reprocher à ces gens de porter des masques au quotidien, de jouer de manipulation, de complot, quand lui-même est l’arme de ce jeu.

Une quantité de masques indéfinissable orne sans doute l’armoire de son être. Dans le fonds, il aurait sans doute bien sa place dans ce milieu. Mais il préfère cette optique où il y joue par obligation plutôt que par plaisir, l’inverse de son amour pour la musique. Le sourire sur son visage mâte s’agrandit lorsque son regard finit par capter la présence de la Princesse. Stella, la reine du sarcasme, Mocking Bird. C’est le surnom qu’il avait par lui donner à force d’entendre ses sarcasmes lorsqu’ils étaient à Alféa, par la suite, ils se sont quelque peu perdus, bien que de son côté, il ait eu des nouvelles de la part de Riven. Comme pour attirer son attention, le musicien de la soirée se met à interpréter une mélodie qu’il a toujours trouvé adapté à la Reine Sarcastique. Artémis, les raisons pour lesquelles il estime que ces notes lui correspondent parfaitement, sont pour la moins nombreuse, mais c’est en partie dû à ce côté guerrière, indépendante, qu’elle possède en elle. « Votre Altesse Sarcastique ! Comment se porte Mocking Bird ? » Souffle-t-il à la jeune Alfheim à la fin de son interprétation. « Aurais-je l'honneur de me voir accorder une danse ? » La main tendue, dans une courbette respectueuse.