Les terres d’Ismire sont si vastes que tu aimerais pouvoir y passer des années à les parcourir. La curiosité étant l’un de tes vilains défauts, tu ne peux t’empêcher de partir à la recherche des moindres informations qui peuvent t’être utiles. Être une nymphe t’apporte cette liberté : errer tout en priant. Bien que la chaleur soit l’un de tes moteurs, tu as décidé de te rendre à la Winter Cout. Là-bas, c’est une atmosphère apaisante qui règne.  Surtout pour toi. Le calme apporte à ton esprit brulant le repos dont il a besoin. Tu as pris quelques habitudes dans les rues d’Adquites surtout parce que tu sais que tu ne risques pas de le croiser lui.

Toujours sur tes gardes, tu profites des environs, regardant à nouveau les mêmes vitrines tout en scrutant les visages que tu croises. Tu n’as pas peur, tu saurais te défendre si tu en avais besoin mais tu préfères garder une longueur d’avance si jamais quelque chose devait se passer. Tu commences par te prendre un chocolat chaud à emporter, le meilleur du continent selon toi. Le moindre rayon du soleil refait renaitre tous les royaumes, les habitants profitant de la douceur de l’air, tout comme toi. Tu ne t’en plains pas, fée de la lumière, ton bien-être est favorisé par toutes ces vitamines qui traversent tes pores alors que tu te promènes dehors.

Tu décides de te poser en terrasse sur l’une des places de la ville, là où le soleil peut brûler ta peau. Tu aimes observer les autres, deviner leur vie ou bien leur en inventer une. Parfois tu apprends même à les connaître ensuite, curieuse de savoir la vérité. Tu as cette facilité avec les autres qui te permet de vite t’en faire des ami.es.
Alors que tu sirotes ta nouvelle boisson, une silhouette passe devant toi. Tu fronces les sourcils en la regardant. Ce visage… Bien sûr que tu la connais. Vos regards se croisent et ne se lâchent pas. Il est trop tard pour fuir, tu le sais et elle aussi. « Quoi ? Tu croyais que j’étais morte peut-être ? » Tu demandes sans attendre de réponses alors que tu te lèves pour être à sa hauteur. Maintenant qu’elle t’a vu, tu ne peux plus reculer alors autant l’affronter. Tu sais qu’après tu repartiras loin. Tharma et toi vous connaissez depuis des années, elles étaient même une de tes amies. Tu ne peux pas dire que votre relation ne te manque pas. Elle a été importante dans pas mal d’étapes de ta vie. Elle t’a vu perdre la vue et elle t’a guidé après cela. Tu ne peux arrêter de penser qu’elle y est pour quelque chose si tu t’es retrouvé au sein du Cercle Noir. En même temps, sans elleux, tu serais peut-être encore aveugle. Un constat se fait maintenant, il saura que tu es encore en vie. « Excellente journée à toi. » Tu dis en essayant de t’échapper doucement.

Une mission diplomatique qui l’embarque dans les terres reculées et glaciales de la Winter Court. Un frisson qui lui parcourt l’échine tandis qu’un vent froid vient soulever ses cheveux laissés libres. Elle ferme les yeux, l’espace d’un instant, le temps de resserrer les pans de son manteau et de remettre contre son cou son écharpe. Bien qu’elle soit épaisse, elle ne peut pas s’empêcher de trembler de froid. Foutu temps. Tharma n’est clairement pas faite pour les teintes hivernales, et encore moins pour la vie à la Winter Court. Elle ronchonne en accélérant le pas, observant autour d’elle pour essayer de se repérer. Elle doit bien se rendre à l’évidence, elle s’est perdue. Alors elle sort de sa poche son téléphone portable, galérant, dans un premier temps, pour le déverrouiller à cause de ses gants. Une fois qu’elle y arrive, elle ouvre son application qui la géolocalise, et qui lui indique le chemin le plus rapide vers son hôtel. Parfait. Tharma, mine de rien, accélère le pas, rentrant sa tête dans ses épaules le plus possible. Elle se languit de retrouver sa chambre, et surtout, surtout, la cheminée qui y crépite.

Il ne lui reste que quelques mètres avant d’arriver à son hôtel. Elle touche donc au but. Cependant, une odeur lui fait lever la tête de son téléphone. Ça sent drôlement bon, et, mine de rien, elle se rend compte que son estomac crie famine. L’heure du déjeuner approche, et ayant été obligée de sauter le petit-déjeuner à cause d’un départ des plus matinaux, elle ne dirait pas non à un plat fumant. On lui a souvent vanté les spécialités de la Winter Court sans qu’elle n’ait l’occasion d’y goûter. Alors elle pourra peut-être y remédier, une fois qu’elle se sera rendue à sa chambre. Le voyage étant tout frais payé par la Day Court, la perspective de pouvoir manger jusqu’à n’en plus pouvoir la tente de plus en plus.

Elle s’apprête à rediriger son regard vers l’hôtel qu’elle commence à entrapercevoir au bout de la rue quand soudain ses orbes sont attirés par d’autres qui la fixent. Un visage familier qu’elle n’a pas vu depuis un bon moment déjà. Tharma fronce les sourcils, mettant quelques secondes à mettre un nom sur le joli minois. « Ricki ? qu’elle souffle dans un murmure. Elle ne pensait pas la revoir un jour. Ni maintenant, ni jamais. Et encore moins à la Winter Court. Qu’est-ce que tu fais ici ? » Pour toute réponse, la fée de la Lumière rétorque avec sarcasmes. Ne répondant, d’ailleurs, pas vraiment à sa question. Tant de mystères qui laissent Tharma sans voix. Elle ne sait comment réagir. Se demande si elle doit l’attraper par le bras et la ramener de force au Cercle Noir, ou si elle doit, comme elle semble vouloir faire, la laisser filer. Ricki se lève, et s’apprête à prendre la poudre d’escampette. Jusqu’à ce que, finalement, Tharma sorte de sa torpeur pour lui attraper le bras. Mais non pas pour la trainer jusqu’au Cercle, mais plutôt pour simplement la retenir afin de converser encore quelques minutes. « Tu t’enfuis ? Encore ? Elle marque une pause, le regard attristé et la voix peinée. Elles étaient proches, à l’époque. Elles pouvaient tout se dire. Tout se confier. Et pourtant… Ça ne l’a pas empêchée de s’enfuir. Comme une lâche. Tu es partie sans rien dire. Sans une lettre. Sans une explication. Alors oui, l’espace d’un instant, j’ai préféré te penser morte. C’était plus facile d’accepter ça plutôt que le fait que tu sois devenue une traitre. » Y’a pas de colère dans sa voix. Aucune animosité. Juste de la peine. Tout simplement.