Le souffle qui se coupe, tandis qu’elle entend l’écho de son palpitant qui tambourine jusque dans ses oreilles. Elle sent la montée d’adrénaline qui se propage dans ses veines, jusqu’à venir teinter subtilement le rouge de ses joues. Elle se force à inspirer. Expirer. Encore et encore. Elle ferme les yeux pendant plusieurs secondes, tentant de contrôler les tremblements de ses mains. C’est idiot, de se sentir aussi stressée. D’être à deux doigts de tressaillir à cause de cette anxiété soudaine. On pourrait croire qu’elle est rompue à l’exercice. Qu’elle sait contrôler ses émotions et faire le vide. Et c’est la vérité. La plupart du temps. Elle en aurait presque un rire amer, en y pensant. Quand elle part en mission, elle a moins peur. Combattre et risquer sa vie, au final, lui convient mieux que la situation actuelle. Alors qu’elle ne craint strictement rien. Vraiment idiot, comme réaction. Alors elle serre les poings et contracte sa mâchoire. Elle se doit de montrer une image forte. Ou du moins la plus neutre possible.

Une dernière inspiration et la voilà qui rouvre ses yeux au moment où les portes devant elle s’ouvrent. Les tremblements de ses mains cessent immédiatement, tout comme le bourdonnement dans ses oreilles. Elle a repris le contrôle. Il était temps. Le majordome devant elle lui montre le chemin et ouvrant la voie. Et les voilà qui traversent bien des couloirs. Le Palais Royal est un véritable labyrinthe, qu’elle se doit de rapidement mémoriser. Ça ne devrait pas être trop compliqué. Ils finissent par s’arrêter devant une énième porte. Cette fois, c’est la dernière. Une fois franchie, Tharma découvre la silhouette de celle dont elle sera à présent l’ombre. Elain Heivoris. D’elle elle ne connait pas grand-chose. Les grandes lignes tout au plus. Ce qui lui importe, au final, c’est qu’elle soit la Conseillère de la Reine de la High Court, et donc une des personnes les plus influentes du royaume. Quand cette dernière se retourne, Tharma est frappée par sa simplicité. Par son côté si humain. Si banal. Elle n’est pas la femme qu’elle imaginait. Ne semble pas si redoutable et hautaine qu’elle l’avait pensé. Une Fée parmi tant d’autres. Ni plus, ni moins. Et ça a quelque chose de rassurant.

Le majordome se permet une révérence devant Elain, très vite accompagné par Tharma qui s’incline respectueusement à son tour. Le silence est très vite brisé par la voix du majordome qui résonne entre les murs luxurieux du bureau de la Conseillère, « Madame la Conseillère, je vous présente votre nouveau garde du corps. » Il ne précise rien de plus, laissant à l’intéressée le loisir de se présenter. « Tharma Villemont, pour vous servir. » Pas de de Villiers, bien évidemment, son identité ayant été changée depuis bien longtemps maintenant. Elle est Tharma Villemont, simple Mortelle devenue de par ses capacités et sa ténacité une spécialiste.  

Elain n’était pas spécialement de bonne humeur. Sa sœur avait été inflexible, elle tenait à ce qu’Elain est une garde rapprochée. Le précédent avait été réaffecté ailleurs, préférant le grand air plutôt que de rester stoïque dans le palais à suivre une noble. Chose que la fée pouvait comprendre mais elle avait espéré ne plus avoir de gardien qui la suivait partout où elle allait. Mais il n’en était rien. Alors aujourd’hui sonnait l’arrivée de sa nouvelle protectrice, si on pouvait dire ça. On lui avait vaguement donné son identité, mais Elain c’était un minimum renseigné. Si quelqu’un devait la suivre et la servir, autant qu’elle en sache un peu sur cette dites personnes. Elle devait pouvoir lui faire confiance et lui confier sa vie. Peu évident quand il s’agissait d’un parfait inconnu.

La sœur de la reine attendait la nouvelle recrue dans son bureau, debout devant la fenêtre, ses yeux regardaient les extérieurs, les jardins parfaitement entretenus. Ses yeux avaient une jolie teinte dorée, signe de l’utilisation de pouvoir, et entre ses doigts des filaments de lumière se tortillaient, allaient et venaient selon la volonté de la fée. Elle s’occupait l’esprit, en se concentrant sur son pouvoir elle ne pouvait ruminer la colère qu’elle éprouvait à l’encontre de sa sœur. C’était sa façon de se contrôler.

Dès qu’elle entendit les coups secs derrière la porte, tout cessa. Ses yeux redevenant bleu et la lumière s’estompant entre ses doigts. Quand elle se retourna, un majordome ouvrait les portes et entraient accompagnait d’une jeune femme vêtue de tout l’attirail qu’on attendait des spécialistes. Ils firent une révérence ce qui crispa la mâchoire d’Elain. Ne pas faire d’esclandre, elle avait promis. Sa nouvelle garde du corps se présenta, Tharma Villemont. D’un geste de la main, elle demanda au majordome de partir, permettant de rester en tête à tête avec la jeune femme.
« Je vous en prie, asseyez-vous Miss Villemont. » dit-elle d’un ton neutre en désignant une chaise qui se trouvait face à son bureau.

Elle-même prit place et tira à elle le dossier des informations qu’elle avait réussi à récupérer. Elle était très jeune pour obtenir un tel poste. Vu son âge elle était de la même génération que Stella. Elle refeuilleta les feuilles qu’elle avait déjà lues.
« Vos états services sont… irréprochables. Qui vous a formé pour être aussi doué et obtenir un tel poste à votre âge ? C’est tout à fait remarquable. »

Elle voulait en savoir plus, peut-être donnerait-elle des informations sur elle afin de l’aider à faire correctement son travail par la suite. Elle voulait établir un lien de confiance avec la jeune femme mais pour le moment, la méfiance régnait. Même si elle avait été recommandée pour ce poste, même si visiblement elle était la meilleure pour cela. Entre être la meilleure sur le terrain et pouvoir mener à bien sa mission de protection, c’était deux choses différentes. La High Court attendait qu’elle soit prête à sacrifier sa vie pour protéger celle d’Elain. Bien évidemment la Heivoris espérait que cette situation n’arrive jamais. Mais personne ne pouvait prédire l’avenir. Alors autant instauré une confiance mutuelle afin que la collaboration soit dès plus efficace.

Y’a de la suspicion dans son regard. De la méfiance. Peut-être même un peu de dédain, aussi. Elain ne semble pas beaucoup cautionner la présence de la spécialiste. Qu’on lui impose cette garde rapprochée. Cette ombre omniprésente dans son dos. Tharma ne peut pas lui en vouloir, bien au contraire. Probablement qu’elle réagirait de la même manière, si les rôles étaient inversés. Il n’est pas aisé d’accepter sans broncher que tous nos faits et gestes puissent être observés. Que, peut-être, cette personne puisse être une espionne et qu’elle utilise les informations observées à des fins moins nobles. Nombreux sont ceux à vouloir voir la Reine Luna sombrer. À vouloir prendre sa place. Ou, à défaut, de faire chuter une de ses Conseillères pour obtenir son siège et son prestige. La cour de la High Court est un terrain dangereux. Une fosse aux lions que Tharma n’a pas encore eu à explorer. Elle sait ce qui s’y trame. Les pièges qui se tendent. Parce que les spécialistes parlent. Qu’ils en plaisantent. Côtoyer le pouvoir n’a pas que des avantages, bien au contraire. Et Tharma pourrait presque plaindre Elain de devoir y être confrontée, jour après jour. Mais c’est une Fée. Une privilégiée. Qui doit s’être salie les mains, d’une manière ou d’une autre, pour conserver son statut et celui de sa famille. Elle en est persuadée. Et se force à se focaliser sur ce petit détail pour ne pas avoir la tentation de pouvoir l’apprécier un tant soit peu.

Le majordome disparait, les laissant seules. Une situation qui, à fortiori, deviendra très bientôt d’une banalité affligeante. Mais pour l’heure, Tharma se sent observée dans ses moindres faits et gestes. Et jugée. Alors elle tente de se tenir droite, de rester stoïque, et de ne rien laisser paraitre. Qu’elle soit la plus droite possible. La plus professionnelle. Elle effectue deux pas souples qui la mènent jusqu’à la chaise qu’elle lui présente, et s’y assoit en silence. Tharma l’observe faire de même, sortant de sous une pile de dossiers des documents qu’elle feuillette rapidement. La spécialiste n’a pas besoin de lire pour savoir ce qu’ils contiennent. Alors elle attend, patiemment, que la sentence tombe. Elain lui parle de ses états de service. Tique sur le irréprochable. Note, aussi, le sous-entendu de son jeune âge. Forcément. Après une courte seconde de réflexion, histoire de bien réfléchir aux mots qui vont passer la barrière de ses lèvres, la voilà qui rétorque, d’un ton tout aussi posé et neutre, « J’ai appris des meilleurs, comme tout spécialiste diplômé de l’université d’Alféa. Elle préfère se la jouer modeste, du moins pour le moment. Tharma n’a pas fini major de sa promotion, et même si elle était très douée, elle ne l’était pas spécialement plus que les autres. Elle a toujours mis un point d’honneur à se fondre dans la masse. Ni trop, ni pas assez. Mais j’imagine que ma participation au Rituel du Sang a probablement joué dans la balance quant au choix de mon affectation. » Et plus qu’une simple participation, c’est surtout d’une victoire dont il faut parler. Mais Tharma préfère ne pas le souligner, jouant là encore la carte de la modestie. Car si Elain s’est si bien renseignée, elle doit forcément être au courant.   

Elain l’observait, ne la quittant presque pas des yeux. Ses iris claires faisaient de bref allers et retours sur le dossier, l’histoire d’une seconde, deux maximums. La nouvelle spécialiste affectée à sa protection allait devoir gagner sa confiance, pour l’heure elle n’était qu’une parfaite inconnue qu’on lui avait mis dans les pattes. Une jeune femme qui avait des états de service irréprochable et brillant certes mais dont la conseillère royale ne connaissait pas en dehors de ce dossier. A sa question, Tharma parla d’Alféa. La célèbre université dans laquelle Elain avait fait ses études, ainsi que son époux et ses enfants. Elle fournissait les meilleurs spécialistes du royaume mais tous n’avaient pas visiblement le talent de la jeune Villemont. Elle mentionna le Rituel de Sang, elle passa sous silence qu’elle avait gagné, là où d’autres avaient échoué. De la modestie ? Peut-être.
« Il est vrai qu’Alféa fournit les meilleurs spécialistes du Royaume, mais peu ont gagné ce fameux Rituel… Quoiqu’il en soit votre dossier ne me permet pas de douter de vos compétences. »

Si le dossier disait vrai, Elain pouvait dormir sur ses deux oreilles. Mais d’autres sujets étaient bien plus précieux aux yeux de la Heivoris. Quand était-il de sa loyauté ? Son obéissance aux ordres qu’elle lui donnerait, qui pourrait être contraire à ceux reçu par sa hiérarchie ? Leur collaboration serait pérenne si et seulement si Tharma acceptait de suivre ses instructions, même si ça allait à l’encontre de certaines choses. Elle avait accepté qu’on lui mette un spécialiste dans les pattes, mais ça serait selon ses termes.
« En revanche, Miss Villemont, je vais probablement douter de vous pendant quelques semaines, et pour que vous puissiez faire votre travail je pense que nous devrions mettre au clair certaines choses dans le fonctionnement. Si vous n’acceptez pas certaines choses, je crains que je devrais demander à ce que vous soyez réaffecter. »

Il n’y avait aucune menace dans voix de la fée. Juste des faits afin que tout se passe pour le mieux pour les deux. Elles devaient s’accepter mutuellement, apprendre à se faire confiance l’une et l’autre, qu’Elain puisse compter que Tharma dans n’importe quelle circonstance. Sinon à quoi bon avoir une garde rapprochée ?  
Elain reposa le dossier sur son bureau, elle n’en avait plus l’utilité désormais. Le bout de papier ne lui apprendrait rien de plus, désormais seule la jeune femme assise en face d’elle pouvait lui apporter les précisions dont elle avait besoin pour statuer à son sujet.
« Entre les murs de ce palais, vous faites tout ce qu’on vous a appris, ce pourquoi on vous a formé. La cour étant un endroit sans pitié, je me plie aux directives royales, qu’elles me plaisent ou non. »

Pour le moment rien de sorcier, simple, Tharma ne se mettrait pas en porte à faux vis-à-vis de sa hiérarchie. Pour le reste…ça serait probablement une autre paire de manche.
« Par contre quand je ne suis dans mes fonctions de conseillère, les choses changent. Je ne peux pas vous interdire de me suivre jusqu’à mon lieu d’habitation. Par contre, je désire garder ma vie privée et familiale un maximum privé. Par conséquent, sauf cas d’extrême urgence, et j’insiste sur l’extrême urgence, ou indication de ma part, vous ne serez pas autorisé à pénétrer dans les lieux. Il y a une dépendance pour vous accueillir à côté, et je ne m’y immiscerais pas. »

Donnant donnant. Si Elain refusait que Tharma pénètre chez elle, elle ne le ferait pas pour la spécialiste. Lui laissant son intimité.

Ainsi donc, elle est au courant quant à sa victoire durant le Rituel du sang. Cela n’étonne pas Tharma, qui se contente de rester de marbre face à l’éloge qu’Elain lui fait. Si elle ressent de prime abord une certaine fierté d’être ainsi reconnue par-dessus nombre de ses pairs, il y a aussi une pointe de malaise qui pique en elle. Son égo, bien que flatté, ne peut que s’en sentir confus. Parce qu’elle a triché, Tharma. Qu’elle n’a gagné ce Rituel que parce qu’elle a utilisé la magie, quand bien même initialement c’est interdit. Elle a battu ses concurrents à la déloyale, les éliminant sans pitié les uns après les autres pour mieux s’assurer la victoire. Est-ce que le résultat aurait été le même si elle n’avait usé de ses compétences physiques et de ses armes ? Tharma n’en est pas sûre. Elle aurait fini en vie, certainement. Peut-être même, avec un peu de chance, aurait-elle fini par gravir la montagne. Mais de là à le gagner… Absolument pas. Les Illyriens sont des guerriers aguerris. Chevronnés et redoutables. Avec ou sans leurs ailes. Alors oui, peut-être qu’elle aurait pu lutter pendant quelques minutes. Faire durer le suspense. Mais elle aurait terminé vaincue, à n’en pas douter. Alors oui, Tharma est fière des compliments que lui fait Elain. Fière de ses états de service irréprochables. Mais tout ça c’est qu’une mascarade. Qu’un tas d’illusions et de faux-semblants. Ça sonne cruellement faux. Mais Tharma laisse croire. Laisse espérer. Parce qu’il ne peut en être autrement.

Elle referme le dossier, puis prend une grande inspiration. Ses orbes glacials qui viennent s’ancrer dans les siennes, le sérieux débordant de tous ses pores. Les choses sérieuses commencent, qu’elle se dit face à cette nouvelle attitude. Et Elain confirme rapidement son impression. La conseillère décide d’être franche et directe. De jouer carte sur table. Elle n’est décidément pas comme les autres. Ou en tout cas pas comme l’image que Tharma se fait des conseillers, et plus généralement des dirigeants des hautes sphères. À la fin de son petit laïus, elle hoche la tête, solennelle et concentrée. Elle tient trop à son poste auprès de la conseillère pour lui refuser quoi que ce soit. Quand bien même ça aille à l’encontre de tout ce qu’elle a appris auprès des spécialistes. Il va falloir qu’elle s’adapte. Qu’elle soit maligne, et qu’elle brosse Elain dans le sens du poil. Qu’elle aille dans son sens, tout en modulant, si nécessaire, ses propositions pour qu’ainsi un commun accord soit trouvé et qu’il soit équitable aux deux parties. C’est maintenant que tout se joue. Il faut des bases stables et solides, c’est impératif, pour qu’après l’édifice puisse être durable et pérenne.

Elain lui parle du respect de sa vie privée. De l’importance que ça a pour elle. Tharma acquiesce une nouvelle fois, n’y voyant bien évidemment aucune objection. Si elle a un intérêt de la côtoyer, c’est uniquement pour son rôle de conseillère qui la propulse dans les hautes sphères et qui lui permettra, elle l’espère, de recueillir des informations cruciales pour les Héritiers et le Cercle noir. Ce qu’elle fait avec sa famille une fois chez elle, eh bien… Tharma n’y voit absolument aucune utilité. Elle note la notion de dépendance. Est curieuse, d’avance, de voir ce que cela sera. Elle n’a jamais eu de chez elle à proprement parlé, ayant toujours des colocataires vivant sous le même toit. Alors être seule… Ça a quelque chose de grisant. « Je n’y vois aucune objection, qu’elle finit donc par décréter. Elle laisse s’écouler un bref silence, avant d’ajouter, Cependant, j’aimerais apposer deux précisions. Parce que oui, Tharma veut bien tout accepter, mais elle se doit aussi de faire son travail. De le faire parfaitement bien. Quand bien même elle est à son service, elle ne souhaite pas la suivre aveuglément sans avoir son mot à dire. Et ça doit commencer maintenant, pour bien montrer le ton. Premièrement, j’aimerais avoir vos numéros de téléphone. Professionnel, cela va de soi, mais aussi personnel. Il faudra que vous restiez joignable, jour comme nuit. Pour les cas d’extrêmes urgences. Et elle insiste bien, à son tour, sur ces deux derniers mots. Deuxièmement, il faudra que vous m’autorisiez l’accès à votre demeure au moins une fois. Pour que je puisse visualiser les lieux et m’y déplacer rapidement si cela devient nécessaire. Elle n’emploie pas le terme d’extrême urgence pour cette fois, mais Elain a compris l’idée. Est-ce que cela semble envisageable pour vous ? » Tharma ne semble pas en avoir trop demandé, mais elle se surprend à tout de même retenir son souffle en attendant sa réponse.    

Tharma accepta les conditions d’Elain, sans sourciller, sans protester. Elain cacha sa surprise, restant impassible du mieux qu’elle pouvait. Après des années passer à la cour, elle était rompue à l’exercice, pour survivre dans ce milieu, c’était nécessaire. Le mais arriva, deux petits détails que voulait ajouter la spécialiste. Cela aurait été trop beau pour être vrai. Elle écouta alors les conditions de Tharma, silencieusement. La première ne lui posait pas réellement de problème malgré le ton employé par la jeune femme, usant des mêmes termes que la fée de la lumière. Etre joignable à tout moment faisait aussi partie de ses obligations en tant que conseillère de la reine. Alors Tharma n’aurait aucun problème à la joindre jour comme nuit sauf si la ligne était déjà occupée. Pour montrer son consentement à la condition de la spécialiste, elle attrapa un post-it et nota les deux numéros avant de le tendre à sa nouvelle garde du corps.
« Les voici. »

La deuxième condition en revanche lui plaisait beaucoup moins. C’était révélée une partie de sa vie qu’elle gardait caché des hautes sphères. Si elle était mal intentionnée, elle pouvait aisément l’utiliser contre elle et contre la Reine de part son lien de parenté avec cette dernière. Il allait falloir faire preuve de diplomatie et mettre ses craintes de côté, un premier pas vers la confiance mutuelle. Tharma semblait prendre son rôle très au sérieux, est-ce qu’Elain pouvait réellement le lui reprocher ? Clairement pas.
« Si c’est nécessaire » souffla-t-elle montrant son acceptation malgré elle.

Les lèvres d’Elain était pincée, n’appréciant pas ce qu’il se passait mais sachant très bien qu’elle n’avait pas le choix. Elle changea rapidement de sujet, pour ne pas ruminer et rester sur ce point de détail qui ne lui plaisait guère. Elle dévia sur quelque chose de plus pragmatique, professionnel afin que leur collaboration fonctionne aux mieux.
« Je vous enverrais mon emploi du temps, même si celui-ci change pas mal d’une semaine à l’autre en fonction des déplacements et évènements du Royaume. Cela vous donnera une vue globale de mes déplacements quotidiens. Et je vous avertirais au minimum vingt quatre heures à l’avance de tout changement, sauf cas d’urgence et imprévu bien évidemment. »

La vie politique pouvait être bien étrange parfois et les imprévus se montraient sournois. Même si cela était plutôt rare, ils arrivaient bien plus qu’on le pensait.