Planning chargé d’un côté comme de l’autre, la recherche d’un endroit isolé sans trop l’être, c’est que la méfiance de sa Lyre, bien que compréhensible est tout de même un certain poids. Si ça ne tenait qu’à lui, c’est dans un autre royaume qu’ils seraient allés. Une prochaine fois peut-être, lorsque la confiance sera présente. Il faut dire, que cette partie de la personnalité, de la bibliothécaire, est pour le moins logique, et dans un certain sens attachant, bien que chiant sur d’autres aspects. Difficile d’essayer de guider quelqu’un sur le chemin de la maîtrise lorsque la confiance fait défaut. C’est un peu comme essayer d’allumer une bougie sous une tempête. C’est sur les terres de la Summer Court que son choix s’est finalement porté, et de manière à installer un climat de confiance, il a envoyé la position exacte à la jeune fée. Qu’elle puisse avertir l’ensemble de ses proches, si c’est ce qu’il lui faut pour se sentir en confiance. Ce qui peut sembler assez ironique quand on voit la manière dont le Troubadour se comporte à son égard.

Le contact physique entre les deux se veut rare. Ce qui rend le coaching relativement, ironique. Bien qu’elle soit une fée des ténèbres, et qu’elle semble avoir une appréhension pour le moins compréhensible envers cet élément. Aux yeux de l’artiste des ombres, elle apparaît comme l’éclat d’un diamant brut. Une muse, qui éveille son âme d’artiste. Une obsession qui se veut saine, c’est qu’il ne se la joue pas stalker, mais il peut passer des heures assis à se contenter de la regarder briller. Un peu comme cette fin d’après-midi, où ses yeux ont navigué entre les pages d’un livre, et elle. Il aurait pu rentrer après sa journée, mais dans le fond, il voyait ça comme une perte de temps, puisque dans tous les cas, il serait venu l’attendre à la sortie de ce sanctuaire littéraire. Autant se laisser absorber par les récits contenus dans ses œuvres, et se laisser aller à l’admiration du joyau brut qu’est la fée des ténèbres.

« Tu as toutes tes affaires ? Ou il faut aller quelque part avant de se rendre à Darkstone ?  » Tant qu’il y est pour le coucher du soleil et le levé de la lune, le reste lui importe peu. Darkstone, ce village de la Summer Court qui célèbre la Lune. Cet astre qui illumine les nuits sombres, boule de lumière, symbole de plénitude. C’est qu’il aime assister à ce spectacle majestueux, voir le ciel s’assombrir lorsque le soleil se couche, avant que la lumière céleste ne vienne illuminer le monde pour le sauver de la pénombre. Il y voit une certaine poésie, une certaine méditation. Perché sur le haut de la falaise, tel un faucon dans son nid.

Une scène, qu’il ne manque pas de partager avec celle qui craint son élément. Loin de lui, l’idée de donner un air de rendez-vous à cette séance, il partage simplement la beauté de la nuit. De son regard d’artiste, c’est une manière de lui montrer que même les ténèbres, même la nuit dispose d’une facette bien plus vaste que la pénombre à laquelle on l’associe. Ironie de la situation, quand lui-même dispose d’une part d’ombre enfouie derrière son attitude solaire. Mais ce n’est pas une question d’élément, du moins pas à ses yeux. C’est que lui trouve une certaine beauté majestueuse dans les ténèbres. « On reprend où on s’était arrêté ? Médite, respire, communique avec ton élément dans un sentiment de plénitude. » Après tout, c’est une partie d’elle, il faut l’accepter. Quelle ironie égoïste venant de celui qui ne veut pas accepter sa part Illyrienne. Lui aussi a eu du mal avec l’élément obscur au début, doublé de cette capacité à danser avec les ombres. Il se souvient encore de ces multiples essais avant de finalement accepter cette pénombre, guidé par un rayon céleste. « Ne l’imagine pas comme une masse noire. Penses-y comme un voile délicat, qui suit tes mouvements, comme un prolongement de ton être » Souffle le pseudo-coach, alors que ce fameux voile s’échappe doucement de son corps en ondulant avec une certaine douceur.

Une journée comme les autres passée à la bibliothèque, entre les nombreux rayonnages de livres tous plus anciens les uns que les autres. Ophelia appréciait cette ambiance plutôt calme à ranger les ouvrages avec le plus grand soin. L'odeur du papier était unique et agréable à son odorat, il lui offrait une part de sérénité dont elle avait bien besoin. Lorsqu'elle retournait s'asseoir derrière son office pour faire les modifications informatiques des emprunts et retours, on venait lui demander conseil. Quelque fois elle rappelait que l'endroit se devait d'être silencieux puisque des étudiants tentaient de se concentrer. Le fin de journée approchait et elle n'était pas très enchantée à cette idée.

La veille au soir elle avait échangé des message avec celui qu'elle avait engagé après qu'il se soit proposer, en tant que coach magique. Fée des ténèbres lui aussi, il devait l'aider avec la maitrise de ceux-ci. Tout ce qu'Alféa n'avait pas réussit à faire malgré les années à y étudier. En Aslan, car tel était son nom, elle voyait une dernière chance. Un dernier espoir d'avoir un semblant de normalité. Alors il lui avait avait envoyé les coordonnées de l'endroit qu'il avait choisit pour leur nouvel entrainement. La Summer Court. Ophelia n'était pas friande de ce choix mais au moins il ne lui avait imposé la Winter Court son territoire de naissance dans lequel elle ne souhaitait plus remettre un orteil. Suite à son message, elle l'avait transféré à ses amis, par précaution, pour qu'ils la retrouvent au cas où il y aurait un problème et qu'il tenterait quoi que ce soit de néfaste pour elle. Non, elle ne devait pas repenser à cela.

Après avoir récupéré ses affaires dans son casier, s'être changé pour une tenue plus approprié à l'entrainement et saluer ses collègues, elle se dirigeait vers la sortie. Le gigantesque et ancien bâtiment qu'était la bibliothèque avait fermé ses portes moins d'une heure avant et pour Ophelia l'heure fatidique approchait, et Aslan l'attendait déjà depuis un bon moment puisqu'elle l'avait vu entrain de bouquiner dans la grande salle d'étude alors qu'elle rangeait les livres empruntés. Elle ne doutait pas une seconde qu'il l'attende au pied des marches menant à la rue. Son instinct avait eu raison puisqu'il était là, debout, l'attendant lui adressant directement la parole à l'instant même où elle arrivait à son niveau.

- Bonsoir. J'ai tout ce don j'ai besoin. S'il manque un truc j'aviserais pour la prochaine fois.

La politesse était importante pour elle c'est pour cela qu'elle l'avait saluée avant qu'ils ne passent le portail vers Darkstone. Quel choix étrange pour une première fois. Enfin pas de ces premières fois-ci, non. Pour un premier Vrai entrainement. Suffisament à l'écart pour ne pas faire de dégâts mais avec même si elle avait partagé le lieu de rendez-vous à ses amis par message la veille, elle le refit une nouvelle fois en leur partageant la localisation exacte. Juste au cas où. Et surtout parce que cela la rassurait et qu'une Ophelia rassurée était une fée plus à même de se concentrer sur ses exercices à venir.

Reprendre où ils s'étaient arrêtés... Facile à dire quand pour la jeune fée il n'y avait rien eu de particulier. Aucune changement en elle ni rien. Mais elle se contentait d'aquiesser de la tête, faisant quelques étirements avant de se concentrer sur sa respiration. Mediter. Cela était la pire des choses pour elle. Elle en était incapable. Elle regardait le paysage en contrebas puis le ciel. Pas aussi étoilé que celui qu'elle voyait parfois lorsqu'elle rêvait mais la nuit n'était pas encore pleine et la lune pas assez haute dans le ciel. Une inspiration. Puis une expiration. Et elle recommence, tenant de se concentrer uniquement que son souffle sans toutefois réussir à se laisser aller complètement et à fermer les yeux. Ceux-ci son grand ouverts et regardaient tout ce qui se passait, attendant quelconque attaque. Son coeur se mit a rater quelque battements au moindre bruits émis par un animal ou une légère brise. Cependant elle gardait le silence et continuait. Elle savait déjà que tout cela était voué à l'échec, comme si son âme elle-même rejetait cet élément.

La voix d'Aslan était douce, compréhensive, presque relaxante si Ophelia n'était pas aussi tendue ne réussissant pas à se laisser aller à son élément. A bien y réfléchir elle devait certainement être aussi raide qu'un piquet sur cette colline. « Ne l’imagine pas comme une masse noire. Penses-y comme un voile délicat, qui suit tes mouvements, comme un prolongement de ton être » Tout semblait si facile pour lui alors qu'elle regardait les volutes d'ombres s'échapper ses mains de l'homme. S'en voulant de ne pas réussir elle se mit à serrer les dents et les poings avant de reprendre des petits exercices de respiration. Persuadée que cela serait impossible a reproduire sans qu'elle ne soit en colère ou en panique, elle bougeait ses doigts frénétiquement.

Fermer les yeux, prendre une inspiration, bloquer et expirer. Encore et encore pour faire le vide dans son esprit. Ne se concentrer que sur soit et identifier un voile de ténèbre dans son être. Oh celui-ci était bien visible mais n'attendait que d'être libérer sous le poids d'une forte émotion. Essayer de donner un ordre à la magie serait d'un ridicule si bien qu'elle sentit ses sourcils se froncer avant que ses yeux ne s'ouvrent.

- Ca ne fonctionne pas!

Ils venaient à peine d'arriver et pourtant l'agacement était déjà en elle. L'incertitude et le sentiment d'incapacité dorénavant bien installés. Une fée brisée voilà tout ce qu'elle était. Et elle faisait perdre son temps à Aslan qui refusait en plus qu'elle paie ses services.